AUTOPORTRAIT (1992)

« Que veux-tu faire plus tard ? - Quelque chose dans l'art. »

Telle fut ma réponse à cette question qu'on me posa en fin de troisième. Je suis née en 1971 dans une famille d'artistes et d'architectes. Ce sont sans doute ces origines qui ont déterminé en grande partie mon attrait pour le graphisme. C'est donc à dessein que je me suis orientée vers des études d'architecture (Ecole d'Architecture de Clermont-FD). Mon diplôme en poche (février 1998), j'ai exercé le métier de dessinateur-projeteur en C.A.O. (Conception Assistée par Ordinateur), exécutant des plans pour divers cabinets d'architectes. Parallèlement, j'ai pris goût au dessin d'art, à la peinture et à l'illustration qui sont devenues des pratiques régulières. J'ai d'ailleurs travaillé quelque temps comme professeur d'arts plastiques.

L'architecture et le graphisme semblent se rejoindre : ce sont deux activités créatrices faisant appel au dessin. Pourtant, elles n'obéissent pas aux mêmes règles. En architecture, la création doit être canalisée, concrète et pragmatique. Elle est liée à la fonctionnalité, à l'ergonomie, aux propriétés de la matière, à l'équilibre des forces, à l'environnement... C'est une synthèse entre art et ingénierie, une démarche mêlant étroitement contraintes matérielles et choix théoriques. De façon ambivalente la technique oriente la création architecturale tout en étant à son service. Elle permet alors les projets les plus fous. Il s'agit donc d'une création étayée. L'architecte Auguste Perret disait : « L'ossature est à l'édifice ce que le squelette est à l'animal. » L'architecture et le design donnent naissance à des objets hybrides au carrefour de la technique et de l'art. Ils ajoutent une autre dimension à l'objet utilitaire, brisant la monotonie de la seule technique et de l'industrialisation. Leur finalité est double : joindre l'utile à l'agréable.

Ayant fréquenté l'atelier du peintre clermontois Jean-François Schembari pendant un an (2012), je me suis rendue compte que la peinture avait elle aussi ses contraintes. C'est en utilisant les mediums et la technique de M. Schembari, héritée des maîtres du passé, que j'ai compris l'importance de la chimie dans cet art, génératrice d'une véritable alchimie sensorielle : la peinture a une épaisseur, une texture, une brillance, les couleurs se mélangent et se recouvrent.

A travers l'art et l'architecture, je souhaite rendre hommage à mon père, François Voinchet, décédé en 2007, qui fut Architecte en Chef des Monuments Historiques, ainsi qu'à ma mère qui m'a beaucoup appris, grâce à son esprit fantaisiste et fertile et à son sens de la couleur. De cette bipolarité parentale est née ma bipolarité créative : Architectures & Illustrations.