UN SALON DE THE TOUAREG (Clermont-FD)

PROJET DE REAMENAGEMENT DU MUR DES SARRASINS

En ce qui concerne le mur dit des « sarrasins », tout réside dans le mystère. Personne ne saurait parfaitement parler de ses origines. D'ailleurs, en architecture, tout ce qu'on ne connaît pas bien historiquement est souvent qualifié de « sarrasin ». C'est la parole de l'Architecte en Chef des Monuments Historiques François Voinchet par rapport à ce mur. Pour l'Architecte Bernard Médas, il s'agirait d'un mur gallo-romain et ce serait l'une des ruines les plus anciennes de Clermont-Ferrand (Augusto-Nemetum). Pour d'autres, le mur est plus récent et date de la montée des Maures sur Clermont, avant qu'ils ne soient délogés par Charles Martel à partir de Poitiers. Avant les immeubles et les garages des années 60-70 qui entourent le mur, il y aurait eu un château. Aujourd'hui à l'abandon, le mur des sarrasins reste néanmoins un vestige précieux de la ville de Clermont-Ferrand. Il se cache derrière des bâtiments, certes, qui sont loin d'avoir sa valeur. D'où l'idée que ces bâtiments ne le mettent pas en valeur.

Or bien au contraire, par l'effet de contraste qu'ils exercent dans leur promiscuité avec le mur, toute la richesse de ce dernier s'en trouve magnifiée. Notre but est d'utiliser l'enclave où se situe le mur pour créer un espace, un cocon, un havre de paix qui nous arrache à l'agressivité de la ville au centre même de laquelle nous nous trouvons. Dans notre projet, le but sera de procurer du dépaysement, de l'exotisme, du calme, du repos, de quoi voyager tout près de chez soi en gardant un oeil d'archéologue sur le mur. Par oeil d'archéologue je veux parler de visions fragmentées et non globales, de visions multiples et riches permettant d'imaginer des reconstitutions. Aussi, au détour de la rue, quelle ne sera pas la surprise d'apercevoir ce coin caché, intime, plein de calme et de richesses diverses : un salon de thé touareg. On y boirait le premier thé, fort comme la mort, le deuxième thé, doux comme la vie et le troisième thé, bon comme l'amour. Dans un salon de thé touareg, il serait bon de passer du temps dans une ambiance éloignée du stress de la ville, plus proche de la contemplation et du silence. Par exemple, un salon de thé calme pour les personnes travaillant la journée. Seraient associées à cette activité la vente et la conception de bijoux et d'artisanat touaregs.

Le mur des sarrasins serait couvert et protégé par le prolongement de la toiture de verre ou de plexiglas du salon de thé touareg. Sous cette couverture, dans le salon de thé, présence d'une tente touareg faisant comme une double peau. Le salon de thé se trouve à l'étage alors qu'au rez-de-chaussée il y a un parking. La dalle entre le parking et le salon de thé s'arrête avant le mur des sarrasins de façon à laisser une fente où passe la lumière de faisceaux installés à la base du mur vestige à la manière d'un son et lumière. Dans le salon, le sol est recouvert de sable.

La maquette cherche à expliquer la notion d'enclave du projet pris entre tous ces bâtiments, comment il se détache, comment il se distingue de ce qui l'entoure. La richesse de cette architecture enserrée dans des immeubles nous est révélée plus particulièrement à partir de l'intérieur. Il s'agit d'un espace caché, intime, chaleureux, qu'il nous est donné d'explorer comme par surprise.

Voir les bijoux touaregs créés par l'association "Mounoua touareg" du Niger