Gilou sortit de l'école content d'avoir bien travaillé. Plus que les bons points et les images, ce serait surtout ses bonnes notes qui feraient la satisfaction de ses parents. De plus, les compliments étaient toujours agréables et la récompense, jouet ou friandise, s'avérait être un bel encouragement. Il enfourcha sa bicyclette et sifflota sa joie de vivre en pédalant avec allégresse. Comme les coureurs, il courbait le dos dans les descentes pour donner la moindre résistance à l'air et se levait en danseuse sur ses pédales pour grimper comme un champion les côtes les plus difficiles. La route, pourtant bien connue, était toujours pleine de surprises. La couleur des arbres changeait pour nous parler toute en poésie de la nouvelle saison. La circulation variait selon l'heure du jour et surtout les départs de week-ends qui demandaient une attention accrue. Le soleil qui laissait la place au vent et à la pluie, le sol dont l'enrobé rugueux pouvait se verglacer et devenir une véritable patinoire pour le plaisir des enfants, le désespoir des conducteurs. Gilou suivait scrupuleusement le bord droit de la route quand il dépassa une petite chose noire qui se détachait de la ligne blanche continue. Quelque animal surpris de l'arrivée trop rapide d'un véhicule et trouvant là l'endroit de son dernier repos. Un petit rat ? Un hérisson ? Un lézard ? Qu'importe, tout animal n'a-t-il pas le droit de vivre ? Gilou freina brutalement à l'idée de retirer ce petit corps du roulement intense qui ne manquerait pas de déchiqueter l'animal. Le petit garçon ressentait un respect profond pour la nature et les animaux...