L'eau montrait un ciel tronqué où la seule face visible était cependant impossible à circonscrire... -Quoi ? Tu veux dire que ça sait voler ? Matthieu eut un air bizarre : -Et toi, tu sais voler ? fit-il. -Non, moi, j'y ai jamais fait ! répondit Laura. L'engin était posé par terre, comme une rampe sur un escalier. A cause d'une grande difficulté à l'approcher, on eût dit que rien ne pouvait se toucher, ni être regardé sous tous ses angles. -Viens ! T'attends quoi ? dit encore Matthieu. -Et si c'était comme du vent, comme des choses dans l'air ? Les trois gamins touchèrent à grand peine l'appareil. Bientôt quelque chose de l'engin, de couleur rouille ou ocre, leur colora les doigts. Ils ôtèrent alors de là leurs yeux curieux pour tremper leurs mains dans le coin d'eau tout proche. Bien qu'il ait peur, Thibault traça dans l'eau des figures comme s'il s'était exercé, au tableau noir, à la résolution d'un exercice de géométrie. Enfin, continuant son jeu, il arrosa abondamment ses deux autres camarades. -Dis Matthieu, pourquoi ça veut pas s'en aller ce rouge ? Demanda Thibault. Matthieu ne répondit rien. Une espèce de peur panique commençait à lui serrer le ventre. Tout autour de la masse énorme que les trois gamins considéraient, on pouvait imaginer des boutons ou commandes de différents mécanismes. Mais il n'y avait là de reconnaissable qu'une structure rouillée où le temps avait pris ses marques et qu'il avait rendue friable. -Touchez-y plus, vous ! S'exclama Laura avec force, craignant un coup du sort. -Et si au lieu de s'en aller tout de suite, on restait juste un peu ? S'enquit Thibault...