Aujourd'hui depuis bien longtemps, nous avons pour des raisons toutes faites et libertines, balayé de nos modes éducatifs la bonne morale enseignée dans les familles bourgeoises de nos Grand-pères et Grand-mères. En mai 1968 nos esprits jusqu'alors dociles et bien pensants se sont échauffés subitement, l'indiscipline a pris ses droits, l'ordre rebelle s'est substitué à l'ordre moral. Et depuis mai 1968 rien ne s'arrange, tout s'aggrave. Notre belle société moderne est en phase de décomposition. L'individualisme est roi et les plaisirs charnels sont au zénith. En mai 1968 Monsieur Piquebourrin, un résident solitaire, dans une contrée retirée de son Berry natal, au bon milieu des bois et des étangs, possédait à ses dires un bien très précieux: la télévision . Monsieur Piquebourrin n'est pas allé exprimer toutes ses colères, toutes ses révoltes, à l'unisson de tous ces moutons qui broutaient sur les pavés de Paris et bêlaient violemment. Pourtant il a été au coeur des événements et n'en n'a pas perdu le fil grâce à sa télévision qu'il alluma et ne quitta plus des yeux durant tout ce maudit mois de mai, de jour comme de nuit, oubliant même de s'alimenter, tant le déroulement des grèves le captivait et le nourrissait. Il était au comble de l'excitation, il ne pouvait concevoir qu'une société naguère conforme, raisonnable, moraliste, allait en mai 1968 être à l'étal au grand public pour être découpée, disséquée, déchiquetée, aplatie, désagrégée et maltraitée aux mains de ces "bouchers" de révolutionnaires...